Vendredi 13 Décembre 1891
C’est à une séance extraordinaire que nous vous convions aujourd’hui, Vendredi 13 Décembre 1891. C’est du moins ainsi qu’elle est qualifiée dans le registre des délibérations, et certainement pas parce qu’il s’agit d’un vendredi 13.
Le Maire, Monsieur Mouliot, expose le sujet : il s’agit de débattre des travaux à entreprendre dans le logement non pas personnel, comme l’écrit le secrétaire de séance avant de rayer le mot, mais de fonction. En fait, ce n’est pas tant ce sujet qui pose problème. La difficulté de la mairie vient du refus du gouvernement qui lui refuse l’autorisation de percevoir le Legs Lasserre (voir journée du 1° Décembre). Voilà sept ans que ce généreux donateur est décédé. La somme allouée à la construction de l’école-mairie devrait permettre de réaliser un très beau projet avec le logement de l’instituteur, mais voilà, les aléas politico-financiers, les relations avec l’Espagne retardent sans cesse sa réalisation. Il faut donc parer au plus pressé et rendre décent le logement de l’instituteur. Ce sujet de l’école en général occupe très régulièrement le Conseil et ses commissions. Entre 1855 et 1879 (nous avons volontairement limité la période pour que la litanie des réunions ne soit pas trop longue), le sujet est venu en discussion plus de 25 fois. Sans entrer dans le détail, nous allons extraire quelques unes des questions soulevées.
La plus ancienne que nous ayons repérée date du 1° Mars 1855, elle traite des modalités de l’entretien de l’école publique par la commune. Le 10 Mars de la même année, il faut intégrer dans le budget communal les recettes destinées à rémunérer l’instituteur, dont les émoluments sont fixés par la commune. Le 11 Septembre 1857, on vote le transfert des écoles de filles de privé en public. Le mois suivant le décès subit de l’institutrice conduit à la proposition de la création d’une école religieuse de filles. En Juillet 1864, on découvre qu’il existe des cours du soir pour adultes, puisque se pose la question de leur éclairage. En juillet 1867, la commune refuse d’appliquer la possibilité de l’école gratuite. Lors de la même séance, c’est le refus de construire une école au hameau (elle ne sera construite que 35 ans plus tard). Malgré la distance, les enfants du hameau devront venir par leurs propres moyens au bourg. C’est aussi vers cette période que s’ouvre un long combat fait d’acceptations, puis de refus puis de retour en arrière au sujet de la gratuité des écoles et de la création d’une « caisse des écoles ». Attention, il faut suivre : Juillet 1866 refus, Décembre 1869 acceptation, Février 1870 refus. Il semble que la décision soit plus ferme par la suite, puisqu’en Novembre 1872, Février 1873 et Février 1874 la commune refuse chaque fois la proposition de mettre en place à Géronce le principe de l’école gratuite et la création d’une caisse des écoles. En Mars 1879, le Conseil ajourne, pour des questions budgétaires, le projet de construction d’une double école (filles et garçons). Il faudra attendre les lois Jules Ferry en 1881/1882, pour que Géronce mette en place l’école gratuite avec l’instruction primaire obligatoire, et le début des années 1900, pour voir enfin la construction de cette double école avec un logement pour les enseignants.
En attendant, et pour ce qui concerne les travaux à décider en ce Vendredi 13 Décembre, Monsieur le Maire a tout étudié. Il se fait fort de réaliser le tout pour un maximum de 250 francs, lesquels lui sont accordés par le Conseil. Il n’y a plus qu’à demander au Préfet l’ouverture du crédit. En urgence, bien entendu.