Samedi 22 Décembre 1900
La livraison de ce jour, Samedi 22 Décembre 1900 du Glaneur d'Oloron nous apprend qu’une inconnue aux « facultés mentales oblitérées » a été trouvée dans le bois de Géronce. Nous sommes rassurés : elle a été prise en charge par l’autorité locale. Mais nous ne saurons jamais ni qui elle était, ni ce qu’elle devint. Dans de telles circonstances, on peut raisonnablement penser qu’elle a ensuite été confiée à l’hôpital ou l’hospice d’Oloron.
Nous en savons un peu plus sur un Arnaud Anonyme, ainsi qu’il est nommé sur le tableau récapitulatif des décès pour la période 1733 – 1762 des Archives Départementales. Vous pensez bien qu’une telle mention ne pouvait que retenir notre attention. Voici donc ce que nous en apprend l’abbé Casalongue curé de Géronce à cette époque qui, si il apporte quelques réponses nous laisse avec quelques questions.
« Le quinze Décembre mil sept cent quarante est mort un mendiant nommé Arnaud qui suivant son langage paraissait de la Bigorre ou de Gascogne, paraissant âgé de cinquante ans ou environ, sans qu’on ait pu savoir de quelle paroisse il était natif, n’ayant pas été en état de parler ni de se faire entendre et il a reçu l’extrême onction sur le témoignage des gens dignes de foi qui l’ont vu plusieurs années dans le lieu de Géronce assistant aux offices divins les jours de fête et dimanches ayant fait séjour dans le lieu de Géronce faisant profession de tailler la vigne; il a été enseveli au cimetière dudit lieu par moi curé soussigné et il est mort dans la maison de Nouguez où l’on l’avait retiré charitablement étant malade présents et témoins sont Jean de Patie et Jacques de Larrose dudit lieu de Géronce qui ont signé avec moi curé.»
Et puis parfois, ce sont des évènements plus heureux qui se présentent. Encore que dans le cas d’enfants trouvés, on est partagés entre deux sentiments. L’enfant est retrouvé vivant, il va pouvoir être confié à un famille ou une institution. Mais quelle est la situation des parents, souvent de la mère, obligés d’en venir à une telle extrémité ? Pour le détail, laissons la parole, ou plutôt l’écriture au maire de Géronce le six Juin mil huit cent vingt : Barthélémy Bellaucq.
« L’an mil huit cent vingt et le six Juin, à quatre heures du matin, par devant nous Barthélémy Bellaucq maire faisant les fonctions d’officier de l’état civil de la commune de Géronce deuxième arrondissement des Basses Pyrénées, canton de Ste Marie, est comparue Marie Coustette de Luc épouse du Sr Jacques Denot dit Lacoume, employés comme carillonneurs de la sonnerie des cloches de ladite commune, autrement d’état de menuisier, âgée d’environ cinquante ans, laquelle assistée des sieurs Jean Castaing et de André Davancens les deux habitans et domiciliés de ladite commune, d’état de laboureurs. Ladite Coustette nous a déclaré à nous dit maire que ce matin à l’heure ci-dessus énoncée, s’est transportée pour aller sonner l’angelus du matin elle a trouvé un enfant (mots rayés : de sexe masculin) à la porte du porche et au premier degré qui conduit à la tribune de l’église de cette commune. En conséquence de ladite déclaration.
A l’avertissement à nous donné qu’un enfant venait d’être déposé sous le porche et devant la principale porte d’entrée de l’église de notre dite commune, nous nous sommes de suite transportés sur le local avec les mêmes témoins en l’autre part mentionnés soussignés et nous y avons dressé et rédigé le procès-verbal dont la teneur suit.
Sur quoi après nous être rendus au dit local, avons trouvé sous le dit porche devant la principale porte d’entrée et au premier degré qui conduit à la tribune de l’église de notre dite commune un enfant exposé au premier degré de l’escalier du sexe masculin (ajouté au-dessus : présumé à l’âge de deux jours) emmailloté de quelques vieux linges, trouvé seulement avec deux morceaux de draps noirs (ajouté au-dessus : en laine), très usés, qui lui servait de courte pointe, un béguin de velours cadrillé foncé(?) blanc, demy(?) usé, sans aucune chemise, ayant un billet lui portant les mots suivants (un enfant sans baptême). Lequel nous l’avons de suite fait porter par Marie-Anne Bonnahon au fonds baptismal pour le (ajouté au-dessus :faire) baptiser, ce qui a eu lieu en notre présence par Mr Labrit notre desservant auquel dit enfant il lui a (ajouté au-dessus : été) donné le prénom de Laurent après quoi nous l’avons remis aux soins de Jeanne Lacassie épouse de Bernard Geres dit Meilou laneficier résident et domiciliés du présent lieu, pour le nourrir par provision (mots rayés : aux frais de la commune avec …… puis illisible)
De quoi et du tout nous avons dressé le présent procès-verbal en présence de Marie Coustete épouse de Denot Lacoume déclarante, et des dits sieurs Castaings et Davancens qui ont signé avec nous, non la dite Coustete pour ne savoir à Géronce le dit jour mois et an que dessus. D’après la lecture de ce procès-verbal que les ci-dessus dénommés ont déclaré être conforme à la vérité, à la représentation qui nous a été faite de l’enfant qui est désigné, et j’ai donné au dit enfant le prénom de Laurent et ai rédigé le présent acte que les témoins ci-dessus précités ont signé avec nous. Géronce le jour mois, et an, ci-dessus. Constat les mots biffés en l’autre part à la quatorzième ligne, (nuls), et celui interligné ci-dessus (en laine) (été) (faire) et ceux rayés à la page ci-dessus (nuls) et ceux interlignés (présumé de l’âge de deux jours). »
Vous je ne sais pas, mais nous on aimerait bien savoir ce qu’est devenu Laurent. Voilà un beau sujet de recherche pour généalogiste confirmé.