Mardi 17 Décembre 1901
Si le journal « Le Franc Parler » -journal indépendant républicain de l’arrondissement d’Orthez – affiche ce Mardi 17 Décembre 1901 les horaires du tramway d’Oloron à Sauveterre, c’est que, comme il le précise, cette ligne vient d’être ouverte à la circulation depuis le 7 Décembre. C’est l’aboutissement d’un projet porté par la Conseil Général, dans lequel la commune n’intervient qu’assez peu, si ce n’est pour payer une redevance.
Dès 1882 le Conseil Municipal s’est intéressé au développement du transport sur rail. Il émet officiellement auprès de sénateur du département et du député de la circonscription le vœu de voir aboutir la création de la ligne…. Oloron - Canfranc ! Il n’y voit que des avantages et note que le gouvernement Espagnol se montre (déjà?) beaucoup plus volontariste que le gouvernement Français. En revanche, il faut attendre Novembre 1896 pour trouver une délibération concernant le tramway. Mais là, le Préfet demande le paiement d’une annuité de 178 francs pendant 75 ans pour la création de la ligne Oloron Sauveterre. Arguant que la commune est déjà « extraordinairement imposée » et que les contribuables trouvent déjà « leurs contributions assez élevées », le conseil refuse à l’unanimité toute participation financière à ce projet.
Pour autant, le projet se dessine progressivement. Après avoir hésité entre les deux rives du gave, le Conseil Général opte pour suivre la route d’Oloron à Navarrenx passant par Orin, Géronce, Saint-Goin, Géüs, et Aren. Géronce demande, et obtient en Août 1899, que la voie soit déviée dans la traversée de la commune pour éviter que le tramway empiète sur la route et provoque des accidents avec la circulation qui se développe. C’est ainsi que la gare de Géronce est légèrement éloignée de la route, contrairement aux autres stations et gares qui jalonnent le tracé initial et que l’on peut voir aujourd’hui encore sur le bord de la route. La construction de ces bâtiments et l’établissement des voies se réalisent rapidement, ce qui ne va pas sans poser de problèmes. En Novembre 1899 un accident du travail a lieu sur la commune. Un chauffeur est blessé par la chute d’une traverse d’un wagon sur le front et les mains. Le docteur Poey-Noguez, après l’avoir soigné, prescrit un arrêt de travail de 12 jours.
La création de la ligne devrait rapprocher Géronce d’Oloron et Navarrenx (même si il faut compter une demi-heure pour Oloron et trois quarts d’heure pour Navarrenx et environ l’équivalent de 1,5€). Mais cela aura aussi une conséquence néfaste, puisque la demande de l’ouverture demandée le 14 Janvier 1900 d’un marché hebdomadaire le Jeudi sera refusée par le Département. Et la raison en est justement la proximité de ces deux communes, ou se tiennent déjà des marchés, alors que la ligne les reliant va bientôt ouvrir. Le 07 Août 1901, les derniers jugements d’expropriation sont rendus, tout est en place.
Et donc en Décembre 1901, c’est chose faite tant bien que mal. Les incidents et déraillements, heureusement la plupart du temps sans gravité, vont émailler la vie de cette ligne. Déraillements dont la cause est parfois des plus originales : à l’occasion d’un carnaval, les danseurs ont tellement donné de leurs personnes qu’ils ont amené une masse de gravier trop importante au milieu des rails ! Parfois, les collisions sont inévitables entre le tramway et les charrettes ou véhicules qui partagent la même route. La charrette du boulanger, Monsieur Peboscq est renversée, brisée. La jument est perdue et le boulanger devra prendre quelques jours de repos. Pour autant les relations avec la Compagnie du Midi, société exploitante de la ligne restent parfois tendues. Le préfet rappelle fermement que Géronce doit payer une subvention pour la ligne de tramway. Contestant cette décision, le conseil vote un crédit de 100 francs pour consulter un avocat « compétent de Paris ». Le 19 Mai 1904, le Préfet met en demeure de régler cette subvention de 712,63 francs (7 500 € qaund même), ce que la municipalité finit par accepter de mauvaise grâce.
Petit à petit, les relations s’amélioreront, la compagnie répondant aux vœux de la commune d’augmenter le nombre de wagons les jours de marché ou par temps de pluie, et de veiller à ce que les contacts soient les plus cordiaux possibles entre les usagers et les employés.
Le tramway restera en service jusqu’en 1936 et cessera par manque de rentabilité. La gare sera vendue en 1939, avant d’être rachetée par la mairie en 2023. C’est désormais la seule de cette ancienne ligne qui reste dans le domaine public, avec peut-être l’espoir d’y voir un jour retracée son histoire.