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Vendredi 08 Décembre 1899

Il est tout juste huit heures du matin lorsque Bernard Labourdette, Maire de Géronce reçoit un de ses administrés lui déclarant qu’une de ses vaches, d’après l’avis de Mr Lapeyrette, vétérinaire, serait atteinte de tuberculose. Ce n’est certes pas le premier cas, puisque déjà le 9 Août 1898, un cas avait été signalé, toujours sous le contrôle de Mr Lapeyrette, mais cette fois c’est Mr Jacques Mouliot qui enregistre la déclaration. Il faut croire que l’épidémie a du mal à être enrayée, puisque le 29 01 1901, une nouvelle bête malade est signalée. Le 4 Février suivant, l’animal est abattu sur place. Tout le monde n’applique pas une méthode aussi radicale puisque le 20 Avril suivant, le « Glaneur d’Oloron » signale divers cas de tuberculose à Saint-Goin, Géronce, Monein et Lucq de Béarn. Si les bêtes déclarées sont abattues, quelques vaches restent en observation.

Il faut dire que pour autant les transactions ne s’arrêtent pas. C’est ainsi que l’on apprend dans le journal du même jour que le concours spécial de la race bovine aura lieu à Oloron les 13 et 14 Septembre 1902 et que Louis Barthou, qui débute son intervention en précisant « Il s’agit encore et toujours de la tuberculose bovine », va faire pression auprès du ministre de l’agriculture pour que le délai de recours dans les ventes de bovidés reste fixé à 10 jours au lieu des 45 jours proposés. En clair, dans le cas de la vente d’une bête contaminée, le recours de l’acheteur serait possible au maximum dans les 10 jours suivants et non pas 45 jours. Il faut dire que quelques exploitants ont eu la désagréable obligation de rembourser l’acquéreur, la maladie n’ayant été découverte qu’à l’abattoir plus d’un mois après la transaction.

Avec le temps, les éleveurs vont prendre, si l’on peut dire en de telles circonstances, le taureau par les cornes. Dans un procès-verbal du Conseil Général de l’Yonne un élu fait remarquer que sur un crédit total de 825000 francs en 1904, l’État a versé 104 000 francs aux Basses-Pyrénées contre 8 485 francs à l’Yonne. Cette différence est due au fait que les vétérinaires étant au pied des Pyrénées « vétérinaires sanitaires », ils déclarent systématiquement les cas de tuberculose bovine ce qui déclenche une indemnisation. Le 15 Août 1910, le « Syndicat Agricole de Géronce" est formé par la Caisse d’Assurances Mutuelles contre la Mortalité du Bétail de Géronce. Et c’est ainsi que la maladie diminue progressivement.

Dans le cadre de ses fonctions liées à la police sanitaire, le maire de ce début de XX° siècle doit également faire face à quelques cas de rage. Certes le vaccin existe déjà depuis 1885, mais il n’est pas encore popularisé. Aussi, lorsque en Janvier 1900, Mr Lapeyrette (toujours lui) indique qu’un chien abattu à Géronce est porteur de la rage, et a pu mordre d’autres animaux, un décret municipal prévient que tous les chiens reconnus mordus ou suspectés de l’avoir été seront abattus et enfouis à 2,50 mètres de profondeur. La circulation des chiens est interdite à moins qu’ils ne soient tenus en laisse et fortement muselés. Quant aux autres animaux soupçonnés d’avoir été mordus, ils devront être tenus sous surveillance, sous peine de poursuites pour les propriétaires. En 1909, le Sous Préfet signale de nombreux cas de rage dans les cantons d’Oloron. Des mesures sont prises imposant pendant deux mois que les chiens soient tenus en laisse et muselés, avec toujours un risque de poursuite pour les contrevenants. Il en sera de même un an plus tard alors qu’un cas de rage a été officiellement reconnu à Orin,

Si de tous ces exemples vous déduisez que c’est pour ces raisons que les Maires de Géronce sont vachement mordants, c’est que vous avez aussi mauvais esprit que nous.