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Samedi 7 Décembre 1884

Hasard du calendrier ou plutôt résultat d'une opération que nous ne nous risquerons pas à poser ici, mais si vous regardez bien, le 7 décembre 1884 était un samedi, comme cette année. Et si vous regardez encore mieux, vous constaterez qu'il en est de même pour tous les jours de l'année. Ceci étant dit, les membres de la commission municipale scolaire qui sont réunis aujourd’hui à la mairie, ne sont pas là pour s’amuser, même Mr Carrère, l’Inspecteur d’Académie a été invité. Il faut aujourd’hui statuer sur l’examen des absences pour le mois de Novembre passé. Ce pointage des absences se fait tous les mois, l’instituteur pour les garçons ou l’institutrice pour les filles dresse une liste détaillée et nominative des absents, avec pour chacun le motif que l’on espère valable.

Déjà au mois de Mars 1883, cette même commission, en présence de Mr Peyré Conseiller Cantonal, et toujours avec une invitation pour l’Inspecteur (primaire pour cette invitation, pas encore d’Académie) a examiné avec soin les extraits de registres d’appel des écoles. Au mois de Mai de la même année, rien ne va plus : l’examen attentif des motifs invoqués pour les absences constatées sont peut être valables (maladie, aide à la maison), mais un grand nombre de famille n’ont pas « averti l’Instituteur ou l’Institutrice ». Ce sont donc quinze familles qui vont être convoquées à la mairie dès dimanche prochain pour leur « rappeler leurs obligations concernant l’instruction de leurs enfants ». En effet, ainsi que le rappelle le courrier pré établi et à la disposition de la commission, le loi du 28 Mars 1882 stipule qu’en cas d’absence plus de 4 fois dans le mois pendant au moins une demi-journée sans motif valable, le responsable de l’enfant sera convoqué devant la commission scolaire pour se justifier. En cas de récidive dans les 12 mois, les noms, prénoms, qualités du responsable seront affichés à la porte de la mairie avec le motif de cet avertissement. Et, si il y a nouvelle récidive, une plainte sera adressée au juge de paix !

Il faut dire que la loi sur l’enseignement primaire obligatoire est vécue dans certaines familles comme une contrainte considérable : les enfants lorsqu’ils sont à l’école ne peuvent pas en même temps aider aux travaux des champs, voire dans certaines régions travailler à l’usine ou l’atelier ( l’âge légal  pour le travail des enfants, certes sous certaines conditions dans les entreprises de plus de 20 salariés, est 13 ans…).

Un petit détail encore, mais qui a son importance : les motifs valables peuvent avoir une certain côté local. On peut ainsi lire dans le compte rendu de Mars 1883, « considérant que la plus grande partie des absences se sont produites par suite du temps de Carnaval, la commission décide qu’il n’y a pas lieu d’appliquer la loi contre les personnes responsables. » Finalement, elle n’est pas si sévère que cela cette commission.