Jeudi 14 Décembre 1882
Ce n’est pas à vous que j’apprendrai que Géronce est particulièrement dotée en bois et forêts : ils couvrent plus du tiers de la superficie de la commune. Exploités depuis plusieurs siècles, ce sont des ressources pour la commune (et au-delà pour toute la vallée de Josbaig) et ses habitants. Chaque année, à l’occasion d’une réunion particulière, le conseil municipal fixait les règles d’exploitation en accord avec le code forestier en vigueur. En vue de cette réunion, la première étape est de prier poliment Monsieur le Sous-Préfet de l’autoriser pour « ...prendre le règlement du partage des coupes affouagères entre les habitants de la commune... ». Il faut ensuite prévenir Monsieur le Percepteur de l’adjudication des coupes, dans des termes un peu plus directifs : « Veuillez vous y rendre ou vous faire représenter ».
Alors et alors seulement le conseil peut établir la règlement de la coupe à venir. C’est dans ce but que se tient le Jeudi 14 Décembre 1882 une « réunion extraordinaire dans la salle ordinaire de la mairie ». Sur la forme du compte rendu, juste deux petites remarques. Si l’année est bien retranscrite, la date est laissée en blanc. Il faut se référer à la page précédente pour la connaître. Et nous ne saurons rien de la surface exploitée prévue, là encore figure un blanc dans le compte rendu. La réunion commence, les conseillers vont procéder à la nomination d’un entrepreneur responsable, capable de bien diriger et effectuer l’exploitation. Ce sera Armand Pelloat. Il accepte la mission moyennant la somme de 500 francs. Il s’engage par ailleurs à se conformer au cahier des charges de l’adjudication des coupes de bois dont lecture lui a été faite et qu’il déclare connaître parfaitement. Il prend à sa charge 7 francs de droits de timbre et d’enregistrement. Il sera là pour s’assurer que tout habitant enlevant sa coupe de bois a bien payé la taxe due. A l’expiration du délai imparti pour effectuer la coupe, le receveur municipal transmettra à l’entrepreneur un état, évidemment signé par le maire, des habitants qui n’ont pas réglé la taxe d’enlèvement et de ceux qui sont à jour. Ainsi l’entrepreneur sera responsable devant la commune des lots enlevés avant paiement. C’est la raison pour laquelle il faut s’assurer de la solvabilité de l’entrepreneur qui ne pourra entamer l’abattage qu’après l’obtention du permis d’exploitation accordé par l’Inspecteur de forêts. On le voit, ce n’est pas une fonction de tout repos.
La réunion de 1888 portant également sur le règlement pour le partage de la coupe affouagère semble bien moins impérative. On sait qu’elle devrait produire environ 320 stères de bois. La tête de coupe sera « partagée à titre d’affouage par feux allumants aux habitants chefs de ménage de la commune ». Chacun devrait se voir alloué environ 2 stères pour la somme de 5 francs. Bien entendu, les ayants droits devront justifier de leur règlement avant l’enlèvement de leur lot. Les futaies seront vendues au profit de la commune, tout comme les lots dont le prix n’aura pas été payé dans un délai de 20 jours après la publication de l’état des taxes affouagères. Il n’est pas ici fait mention d’un entrepreneur responsable de l’exploitation.
Aujourd’hui encore la tradition demeure et si un Géronçais vous dit « Tu vas voir de quel bois je me chauffe », si ça se trouve, il veut juste vous expliquer d’où proviennent les bûches qu’il met dans la cheminée.